Bye bye course aux «comptoirs des coutumiers » et autres « Zaddig non révolutionnaires », salut monde du prêt-à-porter 50% lent, 50% bon sens, 100% sauveur ! Une mode qui donne envie de (se) faire du bien, douuuuuuucement…
« Bem-vinda a Joao Pessoa » !
Bienvenus à « Jean Péçoa » !
C’est la ville de Francisca Vieira, créatrice de la marque de vêtements pour femmes du même nom.
Francisca est styliste, c’est le métier qu’elle aime. Mais pas n’importe laquelle : en styliste-chef d’orchestre, elle fait vivre différents métiers du textile dans des échanges « gagnants-gagnants » basés sur le long terme.
Une créatrice qui a choisi son camp
A l’instar des précurseurs de la « slow food » à contre courant des mac’dodo à la papatte verte, Francisca rêve d’un monde où la « fast fashion » habillée de plastique ne serait plus qu’un lointain souvenir. Bien sûr ça prendra du temps, alors autant partir à point…
Avant de créer sa marque, Francisca travaille dans le street wear où elle commence à utiliser de la broderie. Elle réalise que les coûts d’achat des broderies sont trop bas. Elle choisi alors detravailler avec de petites industries locales au lieu des grands industriels synonymes de bas salaires.
« J’ai toujours été convaincue du succès du développement social par le travail. Je veux travailler avec les gens, pas les grandes industries déshumanisées ». C’est sa vison de la slow fashion qu’elle oppose à la fast fashion du prêt-à-porter conventionnel.
Une mode brésilienne écologique et indémodable à la française !…
Pour Francisca, la mode doit être « un-fashion ». Et dans cette quête de l’indémodable, elle revendique l’influence française dans la mode brésilienne. Ses favoris sont les classiques de coco chanel : « le chemisier bouffant » ou encore la fameuse « petite robe noire »…
Une mode indémodable pour laquelle elle a fait le choix de matières naturelles et biologiques, en réponse à l’invasion des textiles synthétiques. « Si tu jettes un vêtement en polyester, il lui faudra environ 120 ans pour se dégrader dans la nature » ! Quand on connait les matières plastiques qui finissent en continent dans nos océans et polluent l’ensemble de la chaine alimentaire pour terminer dans nos assiettes… C’est ainsi qu’elle créé sa marque, Francisca Vieira, rassemblée avec une vingtaine d’autres autour d’une fibre célèbre au Paraìba, le coton naturellement coloré (une autre histoire racontée ici) . Le groupe Natural Cotton Color était né.
Une styliste militante qui s’implique !
Consciente de l’enjeu de préservation des fibres naturelles et fidèle à ses valeurs de développement social, elle part à la rencontre de cotonculteurs de sa région. « Je voulais y voir plus clair dans l’ensemble de la chaine. C’est alors que j’ai découvert les conditions de travail des cotonculteurs de ma région ». En partenariat avec l’Embrapa (centre agronomique du Brésil), Francisca décide de s’engager dans une relation commerciale durable. Les cotonculteurs de Juarez Tavora étaient sur le point d’abandonner la culture du coton naturellement coloré quand Francisca les rencontre : le prix payé pour leur récolte est alors en monnaie brésilienne de 5 reais le kilo, trop peu pour ces petits cultivateurs. Il y a 3 ans, Francisca payait 8.6 reais/kg sa commande de coton, elle a pu augmenter ce prix à 9.4 reais en 2013 et 10 reais en 2014, le double de ce que les cotonculteurs gagnaient lorsqu’ils songeaient à abandonner. En 2014, le cours du coton conventionnel au Brésil était à 3.8 reais le kilo.
Un ange gardien pour ceux qui partagent sa vision et un vrai petit diable pour d’autres...
« La certification du coton est indispensable pour la commercialisation de mes vêtements ». Les 15 agriculteurs de l’association Margarida Maria Alves qui lui fournissent du coton naturellement coloré, ne pèsent pas lourd face au géant IBD (Instituto Biodinâmico), 14 ha à certifier quand les surfaces de nombreux exploitants brésiliens se comptent en centaine. La certification IBD a longtemps été la seule biologique au Brésil reconnue sur le marché international, et celle-ci s’intéresse plus aux grands exploitants qu’aux petites surfaces des cultivateurs de coton naturellement coloré. « Il existe un grand exploitant biologique français au Paraìba. Si cette exploitation ne demande pas de certification, IBD ne se déplace pas pour les petites surfaces». Mais ce détail n’arrête pas l’entrepreneuse brésilienne, loin de là…
Portant haut la voix des artisans et agriculteurs avec qui elle travaille, cette créatrice de mode est devenue incollable en matière de certification : récolte après récolte, Francisca n’hésite pas à chausser régulièrement ses bottes de lobbyistes pour interpeller les institutionnels du monde agricole (Etat du Paraìba, ONG locales, organisme de certification biologique), quand la livraison de coton arrive sans certificat. Quant à la question du financement, ici encore Francisca s’implique. « Avec l’aide de l’ABIT(Associação Brasileira da Indùstria Têxtil e Confecção), une association de promotion de l’industrie textile brésilienne, nous avons a obtenu la baisse des coûts de certification de la production du coton biologique. Et sur les 2500 reais facturés finalement par IBD, les cotonculteurs n’en paient que la moitié, l’autre étant payée par Arribaçã, (une ONG brésilienne), en collaboration avec le département agricole de l’Etat du Paraìba ».
Une reconnaissance à l’international, lentement mais sûrement…
Grâce à la certification biologique du coton (qui prend également en compte des critères de développement social), Francisca Vieira a accès au marché international. Elle participe régulièrement aux évènements éthiques organisés en Europe comme l’Ethical Fashion Show, notamment grâce à l’aide financière du gouvernement anglais. On retrouve ses vêtements dans quelques boutiques en Europe (France, Allemagne, Angleterre) et aussi au Japon. Le marché nord américain s’est ouvert récemment à sa marque avec une première apparition à New York, dans une boutique de la marque de cosmétique brésilienne Surya Brasil.
Devant ces opportunités à l’international, Francisca prend son temps. Elle refuse de vendre aux grands magasins. « Plus la quantité commandée est élevée et plus la marge est faible pour moi, ce qui se répercute sur toute la chaîne ». Une dernière leçon de sa slow attitude…
Un grand merci à…
Francisca Vieira, pour son accueil simple et chaleureux, les longues heures qu’elle m’a accordées et l’aide inestimable pour la découverte de son univers.
Rubens, son fidèle assistant, qui m’a offert ses talents de traducteurs du portugais à l’anglais, et son soutien dans les moments épiques de mon voyage au Brésil
Charlotte, pour son enthousiasme et son regard de photographe-vidéaste sur ce reportage
Lectures et vidéos sur le même sujet que cet article
Francisca Vieira dans le guide français du luxe durable (1.618 luxury) :
http://guide.1618-paris.com/selection-natural-cotton-color
Natural Cotton Color : http://www.ecofriendlycotton.com/color-cotton/
Surya Brazil Opens Lifestyle store in Bryant Park in New York :http://www.cosmeticosbr.com.br/ing/conteudo/noticias/noticia.asp?id...
Vidéo de Francisca Vieira (toutes en portugais) :
https://www.youtube.com/watch?v=YnXajrCuPacidéo
https://www.youtube.com/watch?v=Ynz391ool50
https://www.youtube.com/watch?v=lp_qopxVc1U
Deux blogs slow fashionable : http://www.slowfashioned.com/
https://www.notjustalabel.com/editorial/slow-fashion-movement
Vers l’émergence d’une « slow fashion » ? :http://ifmparis.blog.lemonde.fr/2013/12/11/vers-lemergence-dune-slo...